Brenne
Ce qui s'accroche à nous ne vient jamais du ciel
mais, par ce qu'il en pleut et soleille,
grandit, nous porte, et se meurt.
C'est le parement de notre histoire.
Vient toujours l'automne
et l'exsurgence des pierres.
La Brenne ?
C'est un lieu vaste qui manie le silence aussi bien que les brames retentissants, là où les saisons ont le sens de ce qu'elles annoncent.
C'est un endroit où le brouillard a l'odeur du feu et où la pluie fait sortir autant de bottes fleuries que d'escargots. Parfois, en Brenne, il neige des pétales de pruneliers, donnant réalité aux légendes ; des cistudes traversent les routes, leur train rappelant que le vôtre est hors vie ; brandis, les joncs étoffent les fossés ; de l'autre côté, la Creuse faisant frontière enfle comme une rumeur. Ici, ce sont les étangs qui peignent le ciel, non l'inverse. Là, des coucous adressent leur clochettes jaunes aux passants de l'aube à la nuit ; d'autres coucous préviennent que leur heure du squat est arrivée. Des clapotis indiquent les joyeuses batailles de poules d'eau. Les hérons posent chez nous à leur pause, au milieu des labours.
En Brenne, il y a des monstres parmi les grenouilles, et des grenouilles dans les bénitiers.
Il y a un temps suspendu en Brenne, c'est un temps de l'eau, un temps de brume, un temps de terre brûlée aussi, et celui de la confiture de gargaillou.
Marie HURTREL 15/04/2018